Carry On ft Tybal

Carry on

Camille &   @Tybalt Jenkins     

 

T'étais là, t'avais enfilé ta petite blouse. Elle avait une couleur pastel, comme toutes les blouses d'assistants vétérinaires, à dire vrai. T'avais fais quelques stages dans divers cabinets au cours de ta formation. Tu voulais quelque chose de court, assez peu au contact de gens de ton âge, t'en avais pas mal soupé de ça. Alors ça avait été cours en ligne et stages dans les cabinets alentours, avant de te faire embaucher dans celui ci. Tu trouvais une certaine forme de paix, auprès des animaux. Tu avais remarqué une certaine affinité avec les oiseaux, sans doute du fait de ton statut de Paladin de Athéna. Donc... Tu répondais au téléphone, calait les rendez-vous selon les informations que tu avais, t'occupais des animaux, les nourrissant ou les sortant, vérifiant leur état régulièrement, tu avais vraiment l'envie de bien faire, de trouver un travail, une voie dans laquelle tu te sentirais bien. Car si tu étais utile, au moins à quelque chose, tu n'aurais pas cette impression d'être de trop qui t'étreindrait la gorge, cette putain de petite voix qui te murmurait que t'aurais mieux fait de disparaître dans un trou.

Tu étais comme un équilibriste menaçant de tomber, entre la mélancolie et l'optimiste débordant. Enfin, toujours était-il que tes sourires étaient bien plus sincères depuis que tu avais trouvé ce travail. Vous aviez des cages pour les animaux, mais certains, des gros chiens par exemple, avaient des "blocs", des petites parcelles d'un mètre sur un mètre. Vous aviez opéré un chien, dans la matinée, un berger blanc suisse qui n'était pas encore éveillé et ne le serait pas encore avant une heure ou deux. Tu t'étais figé en arrivant devant son bloc. Y avait regardé à deux fois. La créature au poil de neige avait laissé place à un homme, et t'avais vue sur la lune en plein jour. T'écarquillais les yeux, restant bouche bée un moment, avant de faire marche arrière pour te présenter au vétérinaire, en train de boire un café, entre deux consultations.

"Heu... Tybalt... Tu vas me prendre pour un fou je sais... Ah et pardon pour ça" Parce que déjà, ta tête était en train de se garnir d'une information, et si elle ne sortait pas, tu savais que tu ne pourrais pas avancer.  Tu roules des yeux, tu avais bien dû expliquer à ton patron les quelques bizarreries, et ces choses qui t'échappaient souvent. Du fait de ta divinité protectrice. " Tu savais que les hallucinations pouvaient toucher les cinq sens ? Y'a les hallus acoustiques, gustatives, synesthésiques, olfactives et visuelles." Tu pousses un soupir, alors que ta tête se vide, c'était comme si tout ça était siphonné d'un coup.  "Désolé. BON tu te souviens le chien de ce matin ? Je... Y'A UN MEC A POIL A LA PLACE" Tu te masses les tempes. "Je crois pas que ce soit normal. J'ai vu personne rentrer, j'sais pas où est le chien." Que tu murmures, plus pour toi même que pour quelqu'un d'autre, à dire vrai.
 

Carry on

@Camille Orwell & Tybalt Jenkins    

 

J'étais heureux, oui on pouvait vraiment le dire. Quand j'étais arrivé dans la Vallée il y a un peu plus de vingt ans maintenant, j'étais un garou complètement brisé qui avait vu les siens se faire décimer et qui avait recueilli le dernier souffle de l'homme qu'il aimait. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre, mais heureusement, ici j'avais trouvé une seconde famille. Une autre meute avait bien voulu de moi. Avec le temps, j'avais réussi à avoir assez d'argent pour ouvrir ma propre clinique vétérinaire. Elle ne désemplissait jamais, étant la seule clinique vétérinaire à des miles à la ronde. J'avais engagé Camille pour m'assister et, croyez-moi si je vous dis que je béni trois fois le jour où il a accepté de bosser pour moi. Je n'ai jamais dit à Camille qui j'étais vraiment, enfin je veux dire, ce que j'étais, je crois même ne lui avoir jamais parlé du fait que certains animaux qu'on soignaient n'étaient pas uniquement des animaux. Il faudrait peut-être que je lui en parle un jour.

J'étais en train de me détendre en buvant un café avant le prochain patient. J'étais plongé dans la lecture d'un traité médical sur un médicament en cours de développement. De ce que je pouvais en lire, les spécialistes doutaient du bien fondé d'un tel traitement. J'étais donc en train de me détendre lorsque je vis Camille tout fébrile. Je posais ma tasse sur mon bureau en fronçant les sourcils, me demandant ce qui pouvait bien le mettre dans cet état. J'esquisse un petit sourire.

- Allons allons, Camille, tu sais bien que la folie n'est qu'un point de vue. Dis-je dans une vaine tentative d'humour pour le détendre.

Je ne répondis à sa question sur les hallucinations qu'avec un simple hochement de tête et le laissais poursuivre. Ah merde…j'ai compris le problème. Jonas a repris forme humaine.

- Ah….je savais que j'aurais dû te parler de tout ça un peu plus tôt, mais je ne trouvais jamais le bon moment. Dis-je en me parlant à moi-même.

Je pose un regard bienveillant sur Camille.

- Tout d'abord, assieds-toi et respire un coup, parce que tu vas finir en syncope là. J'ai quelque chose à te dire, mais j'ai un peu peur de ta réaction. Alors voilà, l'homme dans la cage…c'est également le chien qu'on a opéré ce matin. Ils sont une seule et même personne. Jonas est un garou qui prend la forme d'un berger blanc suisse. C'est un membre de ma meute….parce que oui, je suis un garou également, mais moi je prends la forme d'un Husky. Je sais que ça fait beaucoup d'infos à ingérer, mais j'espère que tu vas réussir à gérer, parce que ta présence ici, l'aide que tu apportes m'est vraiment indispensable, j'aimerais vraiment que tu continues à bosser ici, tu sais. Rassure-toi, je ne mange pas les gens. Lui dis-je avec un petit sourire.

Encore une piètre tentative pour faire de l'humour, mais je voulais un peu dédramatiser la situation. Laissant Camille intégrer ce que je venais de lui dire, je me levais et allais poser une couverture sur Jonas. Si cela ne nous dérangeait pas de nous voir nus entre nous, nous n'étions pas des exhibitionnistes.

 

Carry on

Camille &   @Tybalt Jenkins     

 

T'aimes bien ton patron, un chic type, apaisant et souriant. T'aimais sa manière de faire, sa manière de traiter les animaux, et les maîtres de ces derniers. C'était un type juste, droit dans ses bottes, et même si ça ne faisait pas non plus une éternité que tu bossais là, t'aimais et la personne, et le boulot proposé. Mais là tout de suite, tu te sentais perdu, paniqué, t'avais l'impression d'avoir loupé, non pas un épisode mais toute une saison, tes explications étaient, au final, au mieux, flous, au pire, totalement invraisemblables. Tu espérais de tout ton coeur ne pas avoir fait une boulette, et ne pas finir viré, d'un coup de pied au cul, d'un métier qui au final, te faisais le plus grand bien. Tu le regardes incertain, fronçant les sourcils, pour dire vrai... C'était pas la réaction à laquelle tu t'étais attendu...

"Attends... Quoi ?" Tu plisses les yeux. "Tu as un trafic d'organe parallèle et tu fais genre tu soignes que des chiens mais tu envoie en scred des foies et des reins ? Genre... J'ai vu ça dans un documentaire netflix la semaine dernière." Mais ça n'avait pas l'air d'être le genre de la maison, malgré tout. Justement, ce n'était pas le visage de Tybalt que t'avais appris à découvrir. Tu poses le cul sur la chaise la plus proche, sage et obéissant. Tu ne peux t'empêcher de sortir ton stylo de ta poche, et de le décapuchonner-capuchonner. C'est con mais ça te donnais une certaine contenance, avoir un truc dans les doigts ça te rassurais. Ton regard se plongeait dans celui de ton patron. Il dévoile finalement la réalité, leur activité alternative.

"Alors... Excuse moi, j'connais absolument pas votre peuple mais... Heu... Vous vous changez en entre truc qu'en loup ? Y peut y avoir un... heu... Un mouton garou ?" Tu avais des mauvaises réminiscences des soirées nanards que tu avais passé à la maison avec certains amis d'enfances. Les moutons garous et les castors zombies t'avais marqué, pas en bien, t'en avais encore les yeux qui saignaient rien qu'à y penser. Tu te figes quand il parle de ton travail ici. T'en attendais pas grand chose à la base, mais tu étais fier d'avoir trouvé un truc dans lequel t'étais pas trop mauvais. C'état ta gueule que les clients voyaient en premier, t'essayais d'avoir le sourire le plus rassurant possible. Tu toussote.

"Je... Merci, j'suis content si mon travail ici te conviens. J'fais tout pour être indispensable. Mes dieux... ça fait vraiment égocentrique. Heu... ça m'arrange que tu manges pas d'humains parce que heu..." Tu fais la moue un instant. "Moi j'suis pas tout à fait classique non plus. J'suis un paladin, et techniquement, c'est mon rôle de botter le cul des créatures qui font du mal à... T'sais... Aux quidams." Tu lèves les deux mains. "J'suis assez mauvais dans mon domaine de toute façon mais... Heu... J'vais pas partir en courant. De toute façon j'doute que si je disais "je veux quitter le navire" tu me laisserai partir. Votre entreprise alternative là, j'pense que le secret c'est super important. Non ?" Tu hausses les épaules. "Si c'est possible de pas voir des culs toute la journée, moi ça me va... Heu... Par contre, c'est possible que tu me dises à l'avenir qui est un garou de qui ne l'est pas ? J'ai pas envie qu'ils soient outrés parce que j'les poupoute." Tu le laisses partir vers le garou, et croise tes bras sur la table, posant ta tête par dessus, ton regard se perd un peu dans le vague. Allons bon... Tu devrais pas être surpris, après tout, tu vivais dans un monde plein de créatures en tout genre.