Jour de marché [Libre]

Aujourd'hui était un jour où je travaillais. J'ai la chance de faire un boulot que j'aime, qui me permets d'exercer ma passion, le dessin et la peinture et d'avoir des contacts avec les gens. J'ai un stand sur le marché. J'y suis allé tôt pour pouvoir tout installer. J'ai échangé avec mon mari par sms tout au long du processus. Il est à Londres en ce moment, comme cela lui arrive assez souvent, pour son travail. Il aimerait bien pouvoir rester tout le temps auprès de moi dans la Vallée, mais s'il veut que sa galerie continue de bien tourner, il doit se rendre sur place de temps en temps. C'est affreux comment il me manque quand il n'est pas là. Enfin, je n'ai qu'à me plonger dans le travail pour que le temps passe plus vite. J'avais installé tous les tableaux que je souhaitais vendre, ainsi qu'un chevalet sur lequel j'avais posé un grand carton qui me servirait de support pour les feuilles de dessin que je poserai dessus tout au long de la journée.

En plus des peintures que je vendais, je proposais aux gens de réaliser leurs portraits, mais de manière un peu caricaturale. La couleur était annoncée d'entré de jeu, il y avait une grande photo avec des dessins du même style que j'avais réalisé pour d'autres personnes et qui avaient accepté que leurs têtes soient affichées. Concernant mes tableaux, je vendais principalement des paysages, très ensoleillé, on pouvait trouver deux tableaux représentant une plage avec des gens dessus, des gamins qui jouaient au ballon. Un peu plus loin il y avait un parc, c'était un parc que j'avais peins à New York, et puis encore après il y avait un coucher de soleil et enfin une ville la nuit, et encore quelques autres tableaux du même style. J'avais prévu de vendre une vingtaine de tableaux. Si je ne les vendais pas tous, ce ne serait pas grave.

J'avais également en réserve, pour ceux qui souhaiteraient voir un peu plus d'œuvre de mon crû, trois tableaux représentant des personnages, dessiné dans un style à la Tim Burton, si vous voyez qui c'est. J'aime son style. Je venais à peine de terminer d'installer mon stand que le marché ouvrit officiellement au public.

Je m'installais devant le deuxième chevalet que j'avais dressé et je me lançais dans la réalisation d'une peinture de ce que je voyais. En général, je faisais toujours ça, à chaque début de marché, je peignais une toile, juste pour saisir un instant dans toute cette journée. Dans le même temps, je faisais un peu de publicité pour mes services.

J’ai beau tenir une supérette, je reste un homme du siècle dernier (n’en déplaise au plus jeunes de mes petits-neveux et nièces), alors aller faire un tour au marché de la ville pour trouver des produits frais fait partie de mes rituels. Les marchés ont toujours été des lieux conviviaux et de conversation pour moi. C’est là-bas que j’ai rencontrés certains de mes plus précieux amis, que j’ai aussi fait la rencontre de jeunes (et moins jeunes) gens à qui j’ai pu proposer un logement dans les immeubles que je possède dans le village…Les commerçants sont aussi des habituels, des gens qui me reconnaissent à force. C’est une ambiance que j’aime tout particulièrement et les rares fois où je ne vais pas au marché, c’est qu’il y a une excellente raison.

Aujourd’hui est d’autant plus un jour où j’ai envie d’aller au Marché: j’ai une tarte aux pommes à faire pour Hyacinthe et ses amis qui risquent de passer à la maison plus tard dans la journée, mais plus que cela: ma très chère petite Fleur a son stand sur le marché! Hors de question que je n’aille pas la voir (voire lui tienne compagnie un peu une fois mes emplettes réalisées)! Ma famille est bien trop éparpillée à mon goût et depuis la mort de Julia, je n’ai de cesse de vouloir m’entourer d’une famille de coeur sans totalement m’en rendre compte. Ça a commencé par Hyacinthe à la mort de ses parents, puis la famille de sang a commencé à arriver avec Fleur et j’ai cru que d’autres suivraient. Il faut croire que l’idée n’a pas traversé l’idée de mes frères et de leur petite famille. Enfin, et comment ne pas la citer: Catherine. Kitty. Qui a décidément une maison bien capricieuse, mais cela me fait toujours autant d’occasion d’aller la voir, quand ce n’est pas simplement pour aller prendre un thé chez cette femme qui a tout d’une grande dame. Mais je m’égare.

Je déambule dans les allées du marché, visant le primeur que je sais avoir certaines des meilleures pommes du marché. J’achète ce qu’il me faut, et même un peu plus. Il faut dire que le boucher avait un beau rôti de porc dans sa vitrine et je n’ai pas résisté, je trouverai toujours bien un moyen de le cuisiner pour des invités. Passant devant le stand de Fleur sur le chemin, je la salue rapidement et lui fait signe que je reviens, terminant mes achats avant de finalement retourner à son stand, mon panier rempli posé à mes pieds.

“Bonjour Fleur, alors, tu as déjà eu des ventes?”

Mes yeux se posent sur le portrait qu’elle avait fait de moi et que je lui ai autorisé à exposer. De toute façon, ce n’est pas comme si les gens ne savaient qu’elle était ma petite nièce. Je suis si fier d’elle et heureux qu’elle soit là que je ne me gêne pas pour le dire.