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On mange ensemble et puis tant pis - Shahinaz

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Paladin
Song Xuan

Song Xuan

Paladin

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Son appartement est petit mais la lumière y renter. Les fenêtres sont grandes et larges, presque trop pour les murs, l’homme peut y rester debout devant de longues minutes quand tonne l’orage. Il pleut beaucoup en Angleterre, dit-on souvent. Les Européens…
L’Angleterre a son lot de catastrophes météorologiques comme n’importe quel pays bien sûr, mais elle ne connait ni mousson, ni typhon. Est-ce qu’il y pleut beaucoup, de fait ? Pas pour Song Xuan, encore moins pour Lei Gong qui renifle dédaigneusement à la moindre petite goutte de pluie.
Le dieu est calme depuis quelques jours, certaines périodes sont ainsi. Il n’est pas muet bien sûr, cela Lei Gong n’arrivera jamais à l’être : trop divin, trop primaire pour cela, sentiments exacerbés et force brute pour faire et défaire toutes les pensées de son Paladin. Un Dieu trop ancien, un esprit trop jeune, on peut mourir prématurément de cela aussi lorsque deux types de puissances peinent à s’accorder.
Pour le dieu dans sa tête, Song Xuan a déjà fait des sacrifices, cela n’est toujours que dans un sens. Il a été choisi, ne peut se révolter contre cela. Ne peut penser que cela est injuste car Lei Gong déteste les injustices et le punirait de l’associer à cela. Il l’a déjà fait une fois, plusieurs en vérité. D’une certaine manière, tous deux en ont souffert : Song Xuan physiquement et psychologiquement, et Lei Gong de cette manière étrangère et distante qu’ont les dieux de souffrir. Ils s’entendent bien aujourd’hui, Lei Gong aime s’amuser de choses simples comme l’odeur de l’herbe après la pluie, la sensation d’un bon repas offert.
Il aime montrer à Song Xuan la façon dont on déclamait de la poésie avant, et Son Xuan aime l’écouter lui, ses mots anciens, ses siècles disparus. Lorsque son cœur humain semble trop triste, Lei Gong le réconforte d’un poème. L’équivalent d’un geste tendre venant d’un parent fort lointain, étrangement cela peut être mieux que n’importe quel mot tendre issu de votre propre famille. Song Xuan ne parle de cela à personne, sa relation avec son dieu est intime, personnelle. Parfois, ils se mettent en colère l’un contre l’autre, Song Xuan est toujours destiné à en souffrir le plus. Il est mortel, il n’a pas à décider. Pour d’autres paladins, d’autres dieux, l’homme ne sait pas comment sont les choses, il ne demande pas. N’a pas à savoir, chaque cas est différent. Song Xuan n’a pas de peine pour eux pour autant, les sentiments il les économise cela vaut mieux.
Surtout quand une divinité toute puissante décide qu’elle s’ennuie et que cela est le bon moment pour vous les enlever.

Il ne sait pas pourquoi il a invité la jeune femme à manger ce soir. Song Xuan passait devant sa classe, jetant juste un coup d’œil rapide comme par réflexe. Pourquoi pas ? Depuis le fond de sa tête, Lei Gong n’a manifesté aucune reaction : sa manière de dire allez vas y.
Il l’a fait. A présent, devant les trop grandes fenêtres, Song Xuan attend que Shahinaz le rejoigne. Dans une carafe, le vin décante. Il n’a pas préparé de choses apéritives, plutôt une multitude de plats et de légumes marinés, certains plus piquants que d’autres. Cela semble beaucoup, mais chaque quantité est réfléchie. Pour deux, cela sera assez.

Song Xuan ne sait même pas exactement de quoi il pourra parler avec sa collègue. L’idée de la savoir bientôt là est cependant satisfaisante. Il n’avait pas envie de manger -presque- seul tout simplement.
(le presque est important, le dieu dans sa tête compte, veut le savoir, veut le faire savoir)
Elle arrive, elle frappe, elle entre. Song Xuan la débarrasse de son manteau, l’invite à s’asseoir.

« Tiens, tu es donc là » note-t-il, comme surpris. Comme s’il n’était pas celui ayant lancé l’invitation. Ses yeux vont jusqu’aux différentes assiettes et aux petits bols bien remplis, comme pour vérifier qu’il y ait assez pour deux dans ce repas qu’il pensait solitaire.
(presque solitaire)
(le dieu ricane, il aime le voir faire n’importe quoi des sentiments et comportements humains. Peut-être est-ce pour cela qu’il l’a autorisé à inviter la jeune femme : pour rire, pour rire un peu. A  ses dépends.)

Le repas est fait pour deux. Ce sera suffisant. Amplement.

« Du vin ? »
Oneiros
Shahinaz El-Sayed

Shahinaz El-Sayed

Oneiros

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On mange ensemble et puis tant pis
May 2023 —  @Song Xuan
L’enfant des rêves n’a pas besoin de sommeil, à proprement parler. Les cernes qui dansent et grossissent sur son visages sont une particularité que son dernier rêveur a tenu à lui rajouter : ayant conscience et connaissance de la créature lui étant associé, il l’a affublée d’un marqueur de batterie – comme il a choisi de le nommer. Plus son dernier repas remonte, et plus Shahinaz a sous les yeux des valises imposantes et impossibles à camoufler. Malédiction ou cadeau, peut-être un peu empoisonné, le cauchemar n’a jamais vraiment eu à s’en plaindre.
Foncièrement attiré par les esprits tordus et les personnes à la vie nocturne, Shah n’a jamais eu l’occasion de voir les marques sombres en plein jour sur sa peau réelle : sous sa forme onirique, soit, une fois ou deux (même si les miroirs ne présentent aucun reflet au royaume des rêves), mais rarement l’ombre violacée s’est-elle présentée sur les traits de la trentenaire.

Beaucoup de fard, un peu d’autre chose, pas grand-chose à dire vrai, peuvent faire des miracles sur la peau de l’Oneira – mais toujours les marques autour de son visage restent. Les tatouages sombres, symboles de son dernier repas, couvrent depuis trois jours ses pommettes et son cou dans des entrelacs mi-dentelle fine, mi-tribal. Leurs langues de plus en plus éclatées, fin qui s’élime, va se perdre sur ses coudes. Elle porte aujourd’hui un haut sans manches aux couleurs chamarrées, tourbillon équivoque, sur l’un de ses jeans taille haute préféré. Aucun moyen, donc, de planquer l’oeuvre d’art que son corps lui impose et qui s’en ira ce soir ou demain aux lueurs de l’aube : il faut dire que la faim la tiraille lorsque monte la lune, trois jours, c’est vraiment trop. L’odeur de sable dans ses pas n’est pas celle de ses racines.

D’une main légère, elle frappe à la porte de l’appartement où on l’a invitée. Silencieuse comme un rêve, le lino ne chante pas sous ses pas tandis qu’elle attend que s’ouvre le battant.
« Je ne viens que si l’on m’invite. Préfèrerais-tu m’avoir rêvé ? » répond l’Égyptienne aux yeux brillants. Le sous-entendu étincelle tout particulièrement au fin fond des prunelles de qui sait parler à demi-mot. « Crois-moi, je suis bien mieux sur ce plan-ci. Merci, »ajoute-t-elle tandis que la veste en jean passée à la hâte finit sur un porte-manteau, révélant les tracés alambiqués sur son corps.

Ni une ni deux, une fois ses chaussures enlevées par politesse, la gracieuce cauchemar entreprend de promener son regard curieux sur tous les murs et les fenêtres de l’appartement, sur les livres qu’elle aperçoit et les bols qui les attendent – un rappel d’avant plus que bienvenu, après des années occidentales. Ils ont ça en commun. Le silence aussi. (Elle pourra savourer un vrai repas pour une fois. Une mise en bouche humaine avant que le plat de résistance onirique ne vienne bien plus tard. ) « Un petit peu, oui, merci. Dis-moi où l’on s’assoit, comment… Et comment tu as trouvé ce petit endroit. Je l’aime bien. Je ne savais pas qu’on avait construit par ici des choses décentes. » fait remarquer Shahinaz avec cette air innocemment surpris qui lui colle aux traits, la rajeunit et fait revenir l’espace d’un instant la gamine qu’elle a été pendant cent ans.
Paladin
Song Xuan

Song Xuan

Paladin

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Il la jauge du regard, silencieux.
Song Lan ne croise pas les bras : à ses yeux le geste est typiquement occidental, déplacé. Les européens ont oublié bien trop d’eux même depuis longtemps pour se rappeler qu’un vrai guerrier doit toujours garder les mains libres.
Il n’y a que les courtisans pour les garder cachées et comploter…

« Non », répond finalement l’homme. « Tu n’es dans aucune de mes préférences » Dans son esprit, le dieu est muet et ne sait quoi dire. Injustice, pourrait-il gronder. Injustice, dire quelque chose comme cela à une femme que l’on a soi-même inviter.
D’autres choses sont en jeu, un Dieu le sait, un homme aussi. Song Xuan ne sait pas flirter et n’a aucun intérêt à cela. Il aime la poésie, voilà tout…
A la jeune femme, il désigne sa place à table et l’invite à s’asseoir. As les genoux à terre, mais sur une chaise : la table est haute, ici les meubles stylisés coûtent bien plus chers qu’un salaire de prof même d’université.
Pour les designers européens, ce qui est asiatique est stylisé, alors Song Xuan a acheté une table ronde parmi les moins chères et récupéré un lot de chaises, voilà tout.
« Un coup de chance, j’aurai du avoir celui au bout de la rue mais il y a eu un dégât des eaux. On m’a surclassé de quelques mètres carrés si je puis dire. Je le garde. Les fenêtres sont belles pour regarder l’orage. »

Dans la carafe, le vin se décante. Il a appris à boire plus qu’une demie coupe désormais, le Dieu aussi aime cela. Il n’est pas calme, il est attentif, Song Xuan sent sa présence dans l’ombre de ses propres gestes.
« Alors, qu’est-ce que cela donne, tes étudiants ? » Lui-même n’en a pas eu de mémorable cette année. Beaucoup se sont désintéressés du cours, du sujet. Le système d’éducation ici est différent, permissif : les élèves sont modelés pour réussir, ils n’ont pas à se battre entièrement de toutes leurs griffes.
Certains, si.
Il y en aura toujours.

« Baguettes, fourchette ? » Une paire de baguettes dans une main, une fourchette dans l’autre, il tend les deux, paumes ouvertes à la jeune femme. La laisse choisir. N’est pas un monstre.
Il invite sans réel plaisir peut-être mais il invite bel et bien pour manger.
Oneiros
Shahinaz El-Sayed

Shahinaz El-Sayed

Oneiros

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On mange ensemble et puis tant pis
May 2023 —  @Song Xuan
Dans sa douceur et sa placidité pointent quelquefois des accents énergiques : la délicate fleur n’est pas de ceux qui cherchent à tout prix à entendre leur voix résonner sur les murs. Non, l’Oneira a peur de son propre reflet, de la place qu’elle peut prendre, de l’influence qu’elle pourrait avoir. Des mauvais souvenirs traînant sur son passage. Cauchemar que l’on s’efforce depuis des décennies de corriger (le contact du Rêve peut avoir cet effet-là), convaincue que le reflet sombre en elle – les envies terrifiantes qui croissent et croisent dans l’eau noire de ses pensées – n’est qu’une épreuve de plus à traverser, Shah garde la tête haute et s’efforce d’oublier jour après jour la terreur dont elle est née. Elle se débrouille bien en anglais, aujourd’hui. Faites que ça dure.

Un rire lui échappe, minuscule goutte de joie dans l’atmosphère sereine de l’appartement où elle pénètre. C’est une bonne chose de ne pas être dans ses envies et préférences : on saute l’étape mauvaise, dure, incompréhensible des regards en coin et des rêves où elle n’a pas sa place. Apporter un enfant grotesquement disloqué dans un début de rêve érotique pour se nourrir a rapidement appris à Shah que ça vaut mieux comme ça. Les terreurs restent là, cantonnées à leur plan. « Merci d’être franc. » répond la brune avec sincérité. Elle a une petite voix, douce, qui se perd dès lors qu’elle ne s’énerve pas.

Ses doigts remontent sur son épaule gauche et grattent inconsciemment les tatouages. Leur poids sur sa peau démange quelques instants durant la jeune femme, juste avant de prendre place sur la chaise la plus proche. La pointe de ses pieds effleure le sol, assise comme elle est au fond du siège. Elle se ravance de quelques centimètres pour ne pas avoir la désagréable impression d’être une enfant : un demi-siècle suffit. « Tu es très bien situé en tout cas. Ca doit être beau, la nuit. » dit-elle d’un air songeur. Les couleurs des nuits d’ici, avec l’évolution du ciel, n’ont rien à voir avec celles où elle a un jour sévi. D’une certaine manière elles sont encore plus belles chaque soir qui passe.

« Comme toujours : ils s’attendent à ce que les maths soient terrifiants et m’érigent jusque dans leurs nuits en monstre imprenable et dangereux. Je représente leur matière honnie, et quoi que j’y fasse, je reste… hm... » Ses pensées peinent à trouver une comparaison efficace : elle est matheuse, et non poète. Un haussement d’épaules plus tard, la phrase se conclut « enfin tu comprends. Ils sont rétifs. C’est peu étonnant. Suis-je terrifiante ? C’est les cheveux, peut-être ? » plaisante-t-elle en tirant sur les boucles qu’elle a mis si longtemps a dompter, et encore plus à faire pousser. «  Et toi ? Ca se passe comment ? »

Shahinaz hésite un peu devant le choix qu’on lui offre : elle n’a jamais aimé faire ce genre d’exercice mental et se confiner à une seule solution. Il n’empêche que dans ce cas, entre le ridicule et la sûreté, la nouveauté et l’offense…. Penchant sa tête, elle demande : « Est-ce que tu me mets à la porte si je prends la fourchette ? Parce que je n’ai jamais mangé avec des baguettes. Je ne voudrais pas avoir l’air trop… Nulle ? » Elle a hésité un peu sur le mot, les yeux dans le vague tandis que les lettres s’arrangeaient. Son cerveau est bien trop lent, ce soir.
Paladin
Song Xuan

Song Xuan

Paladin

Messages : 6

   
L’homme hausse les épaules, placide C’est étrange de le voir s’animer, quelque chose en lui, en sa manière de porter son corps, hurle à un besoin d’immobilité. Une statue de terre cuite attendant l’apocalypse dans un tombeau, peut-être ressemble-t-il à cela parfois.
Peut-être son aura ressemble-t-elle à cela, il ne le sait pas. Le Dieu en lui n’a que faire des morts et de leur mémoire également, là-dessus le mortel et l’immortel s’accordent. Le Monde passe, Song Xuan peut s’espérer beaucoup de choses mais restera poussière quoi qu’il arrive, telle est la vérité.
« La plupart de mes étudiants ont déserté au second semestre, ceux qui restent s’accrochent. Quelques uns sont réellement intéressés, pour d’autres… passé leur scolarité, ils oublieront. Je ne sers qu’à apporter des points en plus, une identité dans un C.V ou un sujet de conversation en soirée je crois »
Un étudiant en littérature asiatique a statistiquement plus de chance d’attirer la sympathie lorsqu’on lui demande de parler de lui, qu’un étudiant en mathématiques.
A nouveau, Song Xuan secoue la tête. Il prend une fourchette d’un tiroir et la pose à la place de Shahinaz. Ce que la jeune femme utilise lui importe peu, mais sa brusquerie étouffante de silence l’empêche de vouloir rassurer, rasséréner.
Ne rien éprouver est un contre-coup de ses pouvoirs, un gouffre sombre d’impossibilités accrues à mesure qu’il les utilise. Pourtant, Song Xuan agit comme si cela était permanent, naturel. Injuste envers lui-même là-dessus.
De cela, le Dieu ne le punit jamais. Au contraire, parfois il ronronne comme un orage lointain ou un chat repu, Song Xuan pense qu’il s’agit là de respect en vérité.
Respect pour lui, l’humain, quand bien même son choix est un choix de facilité.

« Tu n’as rien de nulle » Le commentaire est neutre, comme à chaque fois. Cela n’empêche pas Song Xuan d’être sincère.
Il ne connait pas réellement la jeune femme, la sait intelligente voilà tout. Intelligente de quelle manière cependant ?
Au-delà des mathématiques, au-delà de leurs matières à eux qui dans l’esprit des élèves, les définissent ?
Ils sont plus que cela.
« Bon appétit » répond-il alors comme à lui-même, attrapant un petit bol pour se servir tout en enjoignant son invitée à faire de même, les gestes lents et mesurés pour lui montrer de manière implicite, la marche à suivre si jamais elle doute, hésite. « Attention, c’est pimenté. Es-tu déjà allée en Chine, Shahinaz? »

Un pays trop grand, trop vaste, où aucune ville ne ressemble à l'autre. Un pays qui soudain lui manque ce soir, comme Song Xuan en prend conscience. J'ai mal au coeur pense-t-il. Ce n'est pas une nausée, c'est une mélancolie et, dans son esprit attristé, le dieu souffle moi aussi...
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