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Les pleurs - FT Hyacinthe Grey

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Sorcier.ère
Silas Chavez-Stephens

Silas Chavez-Stephens

Sorcier.ère

Messages : 4

   
Je me sens comme une merde. Il n’y a pas d’autres mots, même si je sais que c’est violent de se dire ça. Je sors de la fac et je viens de passer une heure de rendez-vous avec mon directeur de thèse qui m’a très froidement fait comprendre que mes recherches n'avancent pas, que je lui fais perdre son temps et que je ne mérite pas l’opportunité qu’on m’a donnée. Et j’étais assis sur ma chaise et je n’avais rien à dire pour me défendre parce que c’est vrai que, en ce moment, je n’avance pas. Je le sais, et je subis cette réalité plus que quiconque. Bien sûr que mes recherches me passionnent, bien sûr que j’aime ce que je fais. Mais mon cerveau est en bouillie et je suis sur le point de craquer.

Ce que mon prof ne sait pas c’est que pendant tout l’entretien, j’avais en visuel juste derrière lui, à la fenêtre, la tête sale d’un petit garçon. Et bien qu’il soit derrière la fenêtre, j’entendais sa voix comme s’il chuchotait dans mon oreille.

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La comptine qu’on a tous appris. La mélodie de l’alphabet, chuchotée dans mon oreille par le souvenir d’un enfant perdu. D’un enfant mort. Dès que je suis sorti du bureau, j’ai remis mes écouteurs et je balance du death metal. Je n’aime pas ça du tout, et je l’écoute tellement fort que j’en ai mal aux oreilles, mais il faut au moins ça pour passer au-dessus de la voix de l’enfant. Je cours presque hors de la fac et je sais que le petit me regarde. Il ne me suit pas, mais son regard est tellement intense que c’est comme s’il était juste derrière mon épaule.

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

J’ai envie de lui hurler de la fermer, mais je sais que ça ne servirait à rien. Alors j’accélère et j’essaie de me concentrer sur ma musique. Je marche tellement vite et tellement déconnecté du monde que je manque de rentrer dans une vieille dame, qui paraît assez mécontente. Je l’esquive in extremis, mais je trébuche et je me cogne contre un lampadaire.

A B C D E F G H I J K L M…

“Ta gueule !”

La vieille dame qui s’est approchée de moi me sermonne, outrée, mais je l’entends à peine. Je bredouille quelques mots d’excuses et je continue ma route tant bien que mal. Ma tête me lance et je comprends que je ne me suis pas loupé, peut-être même que je saigne. Il faut que je fasse quelque chose. Une idée traverse le brouillard de mes pensées et je bifurque dans une rue adjacente. Quelques minutes plus tard, je me retrouve devant l’immeuble de Cissy. Je sonne à l’interphone.

“C’est Silas.”

J’ai conscience que je parle presque comme une personne ivre, mais je fais au mieux. J’entre dans le bâtiment et quelques instants plus tard, je suis devant chez lui. Je frappe à la porte, ou peut-être qu’elle était déjà ouverte, je ne sais même plus. Toujours est-il que je vois le visage de Cissy.

“J’ai mal.”

Et d’un seul coup, sans préavis, je me mets à pleurer.
Paladin
Hyacinthe Grey

Hyacinthe Grey

Paladin

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Aujourd’hui était un jour avec. Il y avait les jours avec et les jours sans, mais contrairement aux autres personnes de son âge, contrairement à la terre entière, Hyacinthe préférait amplement les jours sans. Parce que les jours avec étaient des jours où son esprit ne connaissait le repos que lorsqu’il dormait, Apollon prenant le malin plaisir de commenter sa vie, de chanter des chansons, de faire des remarques sarcastiques, de lui lancer des haïku en pleine tête comme si de rien n’était et Hyacinthe, à ce moment-là, se retrouvait absolument spectateur de sa journée. Aujourd’hui était un jour avec. Pas un jour sans. Donc il s’était levé super tôt, même si c’était sa journée de repos, avait tourné en rond dans son studio alors qu’Apollon lui parlait de la légende de feu son Hyacinthe, comme parfois ça pouvait arriver. A quel point il n’était qu’une pâle imitation de l’humain qu’il avait un jour aimé. Donc aujourd’hui était un jour de reproches. Hyacinthe savait pourquoi, son pappi l’avait prévenu: les dieux ne sont pas cléments. Ils attendaient de leurs paladins qu’ils se battent pour les représenter, qu’ils protègent l’humanité et que faisait Hyacinthe, la plupart du temps: il regardait les sons prendre vie en sirotant sa compote en gourde. Alors oui, parfois, Apollon passait du temps à casser du sucre sur son dos. Et Cissy attendait, bien sagement, que la journée ne passe.

Le studio était plongé dans le noir, comme il l’était rarement, la lumière exérieure filtrant à travers les interstices que créaient les lourds rideaux de velours vert profond sur le mur blanc de l’appartement. Les boules pastelles de sa guirlande éclairaient paisiblement le cadre de porte qui menait à la salle de bain et à part ça, le silence régnait. Et pourtant, pourtant Hyacinthe était ébloui par la lumière blanche si vive d’Apollon. C’était bizarre que sa synesthésie agisse alors qu’il n’entendait pas réellement avec ses oreilles la voix de son dieu, mais ça fonctionnait, à sa grande désolation. Il avait envoyé un message à Will, pour la prévenir qu’aujourd’hui serait un jour où il n’existerait pas à la surface de cette terre, ou juste pour les urgences. Il ne l’avait pas fait avec Silas. Pas qu’il veuille pas mais… Silas lui manquait. Régulièrement. C’était bizarre, ils s’étaient vu il n’y avait pas si longtemps mais depuis qu’il avait quitté La Vallée pour revenir seulement des années après, Hyacinthe se sentait régulièrement vide. IL ne savait pas pourquoi, ne cherchait pas à savoir. Silas avait une place dans son coeur qu’il était impossible de remplir autrement. Comme Will mais pas pareil, parce que Will avait toujours été là, probablement.

C’était bientôt l’heure de manger, pensa Hyacinthe entre deux remarques acerbes d’Apollon sur son laissé-aller. IL n’avait pas faim. Il mangerait une compote, quelques amandes, peut-être un yaourt, et voilà. Ses pensées furent interrompues par les piques aciers du bruit de l’interphone. Il détestait cet objet mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Le paladin soupira, décrocha et fronça les sourcils à la voix étrange qui voleta dans son esprit, le bleu du ciel de Silas strié de nuages étranges. Hm…Quelque chose n’allait pas.

Hyacinthe ouvrit la porte et n’eut pas à attendre longtemps avant que son ami apparaisse sur le pas de celle-ci, les chaussures bien plantées sur son paillasson Lilo et Stitch. Il frappa sur le chambranle comme si la porte était fermée, les yeux un peu lointain. Et quand ils se focalisèrent sur Hyacinthe, celui-ci put voir la rivière de larmes qui coula immédiatement de ceux-là. Il se saisit de la main de Silas, ferma doucement la porte derrière eux et le fit asseoir sur son lit, avant d’aller délacer et enlever ses chaussures. Il ne dit rien de la blessure au front qu’il avait remarquée, ne dit rien tout court en enlevant la veste de Silas, ne dit toujours rien en allant chercher ce qu’il fallait, et quelques bonbons et chocolats que les trois meilleurs amis avaient pour habitude de manger ensemble. Il se tut aussi en préparant tout ce qu’il fallait, le bruit diminué mais présent des chansons de métal toujours dans les oreilles de Silas. Il n’était même pas sûr que son ami puisse l’entendre.

Une fois tout prêt, transporté sur un plateau dont le fond représentait un lama avec un sombrero, Hyacinthe s’agenouilla aux pieds de Silas, trempa un gant dans le bol d’eau qu’il avait préparé avant d’essuyer doucement le visage de son ami, ses larmes, le sang et pourquoi pas les mauvaises énergies. Apollon avait décidé de le laisser tranquille, enfin, et c’était la première fois de la journée qu’il avait l’impression de prendre une grande inspiration. C’était agréable. Il fois qu’il eut nettoyé la blessure, il posa sur le front de Silas un joli pansement arc en ciel avant de se redresser et de lui faire un bisou dessus. Il lui offrit ensuite un grand sourire mimant un petit “je te tiens” et retirant le casque de ses oreilles. Il le posa au pied du lit tranquillement avant que son regard ne se porte de nouveau sur son ami, les mains posées naturellement sur ses genoux, les pouces faisant de petits cercles rassurants.

-On devrait faire une sieste. Allonge toi? On peut parler ensuite ou alors je parle et tu écoutes, ou tu parles et j’écoute. Et après, on fera un goûter. Et tu auras moins mal. D’accord?