Tends la main à l'homme qui se noie (Glenn Smith)

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Garou
Aaron Donovan

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J’ai revu ma mère.

J’ai. Revu. Ma. Mère.

Cette mère que je pensais morte depuis que j’ai 7 ans, dont j’ai fait le deuil sans pour autant l’oublier. Cette mère dont beaucoup de détails ont disparu de ma mémoire au fil des années, mais pas son visage. Jamais son visage. C’est bien la seule chose dont je sois encore sûr à 100% à son sujet: son visage. Je l’ai dessiné, encore et encore, et encore. Aujourd’hui encore je la dessine de temps en temps, parce qu’elle est un sujet récurrent et que j’ai un petit côté obsessif qui ne me lâche pas.

On a discuté, enfin, essayé serait plus juste, car ni elle, ni moi n’étions mentalement et émotionnellement préparés à ces retrouvailles inopinées. Elle m’a expliqué la situation, mais pour le moment, malgré les faits exposés et les mots qui ont atteint mon cerveau, rien ne fait sens dans cette soirée. Ce qui devait simplement être une soirée découverte d’une librairie atypique s’est terminée en un effondrement pur et simple de mes fondations. C’est difficile à vivre, d’autant plus quand c’est une certitude ancrée de plusieurs siècles, sans jamais avoir eu la moindre trace qui puisse ébranler, même subtilement, cette certitude. Même Melchior en était certain. Bon sang. Est-ce qu’il est seulement au courant? Si oui, pourquoi ne lui a-t-il rien dit avant? Et si non…Comment le lui annoncer?

Enfin, la question se posera réellement quand moi-même j’aurais digéré l’information. Car pour le moment, j’ai surtout l’impression de sombrer. Quand je suis parti de la librairie, j’ai dit à ma mère de me laisser du temps. Il est vrai que j’en ai besoin, mais j’ai aussi besoin que quelqu’un m’aide à gérer cela, à sortir de ce maelstrom où s’est engouffré mon esprit depuis que mes yeux se sont posés sur ce visage si familier et pourtant si lointain. La pluie a beau tremper mon être jusqu’à l’os, je continue de marcher sous la pluie battante, traversant le quartier de Victoria, direction le quartier du Port, direction mon appartement, un environnement que je connais…

Pourtant, je me rends compte que mes pas ont fini par me mener non pas chez moi, mais chez Glenn. C’est vrai que depuis quelque temps, le paladin prend une place de moins en moins négligeable dans ma vie et surtout dans mon cœur. Je suis lucide sur ce fait, même si ça me terrifie un peu. Il ne sait pas pour mon immortalité, il ne sait pas pour pas mal de choses. Il est aussi vrai que lorsque je suis avec lui je me sens…plus léger, plus libre, en sécurité. Rares ont été les gens à pouvoir se vanter de ce fait. Pourtant la preuve est là: plutôt que de me ramener là où je suis chez moi, dans mon territoire qui est censé être sécurisant, mes pas m’ont mené chez lui.

Je reste planté devant le perron de sa maison pendant de longues minutes, hésitant entre suivre mon instinct et finalement rentrer chez moi. Cette pensée me tire une sensation désagréable. Rester seul ce soir serait une erreur. Finalement, je gravis les deux marches qui mènent à sa porte et je sonne, espérant qu’il soit là, espérant ne pas le déranger. J’ai besoin de sa présence ce soir, même si je n’en prends conscience que maintenant, mais je refuse de m’imposer pour autant. Quand la porte s’ouvre, révélant le paladin, j’essaie d’afficher un sourire, qui reste faible, et faux, alors que mon allure n’a rien de glorieuse.

“Bonsoir Glenn…Je…Désolé de débarquer à l’improviste, j’ai…” je me mord la lèvre inférieure, passant une main dans mes cheveux, rendus presque noirs avec l’eau, pour retirer les mèches qui se sont agglutinées sur mon front avec la pluie. “Est-ce que je dérange?”

Bien loin est le Aaron assuré et fier qu’il a le plus souvent côtoyé. Là j’ai plus l’air d’un chien battu qu’autre chose…
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Glenn Smith

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Aristos Achaion.

Glenn a toujours été fasciné par la légende d’Achille. Il a du mal à se l’avouer, mais il s’identifie même au héros grec. Non pas qu’il soit aussi puissant et digne de légendes, mais il se reconnaît sur certains points de sa vie : une mère puissante, un père obsédé par l’honneur, une aisance au maniement de la lance. Glenn éprouve toujours un peu de culpabilité quant à cette passion pour le héros, car il se demande ce qu’Odin en pense. Être paladin d’un dieu nordique et admirer un guerrier grec. Mais son dieu tutélaire n’a jamais dit quoique ce soit. Odin ne dit jamais grand-chose, et lorsqu’il parle c’est souvent par énigme. Glenn a appris à se satisfaire de ce mutisme sybillin. Il arrive à sentir la volonté de son dieu par-delà les mots, et il n’a d’ailleurs jamais perçu d’animosité pour sa passion secrète.

Bien installé dans un fauteuil de cuir recouvert d’un plaid confortable, bercé par le son de la pluie à l’extérieur, Glenn a les yeux rivés vers le livre qu’il tient dans ses mains. Une réécriture contemporaine de l’histoire d’Achille dont il n’arrive pas à se détacher. Son regard dévore les lignes et se nourrit de chaque image poétique.

Aristos Achaion.

Le meilleur des Grecs. Et pourtant au-delà d’Achille, c’est le personnage de Patrocle qui touche particulièrement Glenn. Cet ami entièrement dévoué au héros et qui, par sa dévotion même, accomplit des exploits dont il n’aurait pas été capable seul. Glenn apprécie particulièrement la version qu’il est en train de lire car elle raconte ouvertement la relation des deux jeunes hommes comme une profonde et belle histoire d’amour. Tous les savants ne s’accordent pas sur cet amour, mais Glenn en a toujours été intimement persuadé : Achille et Patrocle s’aimaient bien plus qu’aucun couple d’époux de l’époque. Ses pensées s’éloignent quelques instants du livre qu’il a devant lui et finissent par prendre la forme d’un visage, un visage qui, bien que Glenn ait du mal à se l’avouer, le fait se sentir comme un adolescent. Lui, paladin d’Odin, instructeur respecté, le cœur battant pour un homme mystérieux. Pas sûr qu’Homère en aurait fait une légende.

Quelqu’un sonne à la porte. Avec un demi-soupir, Glenn pose son livre à l’envers sur la table basse de son salon, puis se lève d’un mouvement souple. Il défroisse légèrement le col roulé de laine noir qu’il porte, ainsi que son pantalon de la même couleur. Il a les pieds nus sur le sol froid, mais cela ne le dérange pas.

Glenn se dirige vers l’entrée de la maison où il vit avec Will et ouvre la porte. Son cœur rate un battement lorsque ses yeux se posent sur Aaron. Un Aaron trempé au visage défait. Glenn fronce légèrement les sourcils, mais il sourit tout de même à l’homme qui lui fait face. Il est toujours heureux de le voir. Bien trop heureux d’ailleurs, de ce genre de bonheur qui donne le tournis.

“Aaron, bonjour. Entre, je t’en prie. Tu ne me dérange jamais.”

Glenn s’efface pour le laisser entrer puis ferme la porte derrière lui, étouffant le bruit de la pluie dehors. Aaron est dans un misérable état, mais Glenn ne résiste pas au désir de toucher du bout des doigts ses cheveux humides.

“Tu aurais dû prendre un parapluie. Ne bouge pas, je vais te chercher une serviette.”

Parfaite excuse pour cacher la rougeur croissante qui se met à brûler ses joues. Glenn file prestement vers la buanderie derrière la cuisine. Il choisit une grande serviette blanche et revient vers Aaron. Avec un demi-sourire, il lui tend la serviette.

“Tu veux boire quelque chose ? Ou des vêtements de rechange peut-être ?”

Glenn s’interrompt, parfaitement conscient qu’il exprime sa joie par un flot trop insistant de questions.

“Je suis heureux que tu sois passé me voir.”
Garou
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Je réalise seulement que Glenn aurait pu ne pas être seul ce soir, voir clairement absent, et je me serais retrouvé bien idiot: planté là sans raison autre qu’un instinct qui a mené mes pas chez le Paladin sans autre forme de procès. Je sais que ce dernier a une fille qui vit avec lui et maintenant que je prends deux secondes pour réfléchir, l’idée de croiser quelqu’un d’autre dans cette maison, ou de ne simplement pas voir Glenn me rebute. La chance est de mon côté cependant, du moins sur la présence de Glenn. Pour la présence d’une autre personne, c’est encore à vérifier, mais en tendant un peu l’oreille, je n’entends aucun signe d’un autre être vivant dans la maison avec nous…Mais je peux me tromper; après tout, cette soirée est déjà bizarre, mon esprit est parasité de tous les côtés, alors que mes sens décident de me dire d’aller voir chez les grecs si j’y suis, ça ne me surprendrait pas vraiment…

En tout cas, je ne me fais pas prier pour entrer quand Glenn m’y invite, frissonnant en sentant la chaleur réconfortante du lieu qui rencontre la fraîcheur humide qui constitue mon être à cet instant précis.

“Merci. Tu me rassures, je ne voudrais pas m’imposer…” Officiellement.

La vérité est que mes instincts m’ont hurlé de le trouver, sans même que j’en ai conscience, parce qu’il est, en ce moment de détresse, comme un phare au milieu d’une mer déchaînée. Alors je me serais imposé, que je le veuille consciemment ou non. Qu’il soit aussi accueillant rassure mes instincts d’avoir fait le bon choix.

Un frisson parcourt mon échine en sentant ses doigts dans mes cheveux, à peine, mais cela suffit pour me détendre un peu, me tirant même un court rire.

“On va dire que la soirée a été…émotionnellement mouvementée, un parapluie c’est passé à la trappe.”

C’est le moins que l’on puisse dire. Je n’avais qu’une pensée en quittant la librairie de ma mère (bon sang…): fuir, retrouver un lieu sûr pour encaisser l’info…Comme quoi. Je le remercie faiblement quand il m’annonce aller chercher une serviette et mon regard se pose sur son dos s’éloignant. Quand il n’est plus dans mon champ de vision, c’est comme si je sortais d’une transe; je me rend enfin réellement compte de mon état et je grimace au poids des vêtements trempés sur mon corps, l’humidité partout…Je retire au moins ma veste, avec un peu de difficulté à cause de l’eau l’imbibant, me retrouvant dans mon éternel combo chemise et veston. Chemise qui me colle à la peau, une sensation fort désagréable au demeurant, me rappelant un peu trop les lourd mois d’été où il m’est impossible de me rafraîchir efficacement…Avec un sourire de gratitude, j’attrape la serviette et me sèche d’abord le visage, puis sommairement les cheveux, la plaçant ensuite sur mes épaules.

“J’ai l’impression d’abuser, vraiment…Mais je ne dirais pas non à me changer…La pluie ne m’a pas fait de cadeau.”
dis-je en écartant les bras pour démontrer l'étendue des dégâts au roux.

Mon regard retrouve celui de Glenn, un peu surpris. Je ne m’attendais pas à une telle déclaration et vu mon état mental actuel, ça me tire un rose aux joues. Détournant le regard sur le côté, j’use d’un pan de la serviette pour m’y cacher, sous couvert de sécher de l’eau inexistante sur mon visage.

“Je…Ca va te sembler bizarre, mais la vérité est que je ne me suis même pas rendu compte que je venais chez toi.” je triture le bord de la serviette “J’avais besoin d’un endroit sûr et mes pas m’ont menés chez toi…” mes épaules se haussent, un peu perdu que je suis. Je tente une pointe d’humour pour alléger l’ambiance qui devenait un peu lourde “Donc tu peux dire merci à mon instinct!” Dis-je avec un rire un peu crispé dans la voix.
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Glenn Smith

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Aaron n’a pas l’air dans son état normal, en plus du fait bien évidemment que Glenn ne l’a jamais vu trempé. Il a l’air fatigué, émotionnellement surtout. Cela commence à inquiéter Glenn. Il secoue la tête pour balayer les inquiétudes d’Aaron.

“Tu n’abuses pas, bien sûr que non.”

Aaron enfouit sa tête dans la serviette pour s’essuyer. Ses mots sont un choc pour Glenn. Un choc positif et agréable, mais un choc tout de même. Un frisson lui parcourt le dos. Aaron rit, visiblement gêné, mais Glenn ne rit pas. Son cœur se met à battre très fort dans sa poitrine. La manière dont Aaron s’ouvre à lui le touche, intensément, et en cet instant, il ne sait pas vraiment comment réagir. Plonge, souffle une voix dans son oreille. Glenn hésite, mais si son dieu tutélaire intervient, c’est pour une bonne raison. Il s’avance vers Aaron et le prend dans ses bras.

Glenn est là, serrant un Aaron trempé dans ses bras mais il n’a que faire d’être mouillé. Son cœur tambourine dans sa poitrine, mais il ne bouge pas. Les mots d’Aaron ont ouvert quelque chose dans lui, un gouffre. Mais Glenn n’a pas le vertige. Il respire l’odeur mouillée d’Aaron jusqu’à ce qu’il réalise que cela fait quand même longtemps qu’ils se tiennent là. Glenn s’écarte presque brutalement et, sans croiser le regard d’Aaron, il se tourne et file vers la cuisine.

“Vais faire chauffer… Thé.”

Une fois réfugié dans l’autre pièce, Glenn se remet à respirer. Cela fait des années qu’il n’a pas ressenti ce qu’il ressent en cet instant. Sa tête lui tourne, mais il décide de ne pas se laisser aller à ces sensations. Déterminé, il remplit sa bouilloire au robinet et la met à chauffer. Une pensée lui traverse l’esprit, et il saisit son téléphone dans sa poche pour prévenir Will de ne pas rentrer. Puis il revient vers Aaron, en essayant d’avoir l’air le plus normal possible.

“L’eau est en train de chauffer, boire te fera du bien. Je vais te préparer des vêtements pendant que tu finis de te sécher.”

Glenn monte les escaliers rapidement et entre dans sa chambre. Rien de ce qu’il a n’ira à Aaron qui est plus petit que lui, mais ce sera toujours mieux que d’avoir froid. Glenn sélectionne un pull confortable et un jogging, ainsi qu’une paire de chaussettes d’hiver. Les vêtements dans les mains, il sort de sa chambre et se dirige vers la salle de bains. Il dépose la tenue de rechange sur un tabouret, en profitant pour enlever d’un revers de main quelques cheveux de Will oubliés sur l’évier clair. Puis il redescend vers Aaron, en essayant toujours de garder une certaine composition.

“Je t’ai sorti des vêtements, ils sont dans la salle de bains. Première pièce à gauche en haut des escaliers. Je vais voir le thé.”

Et sans attendre la réponse d’Aaron, il retourne dans la cuisine. Il sort une théière, deux sachets de thé et deux mugs. Il finit par s’immobiliser, le temps que l’eau finisse de bouillir.

Un endroit sûr.

Son instinct.

Le cœur battant toujours fort dans sa poitrine, Glenn ferme les yeux et sourit.
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Aaron Donovan

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Mes pensées (qui commençaient à surinterpréter les mots sortis de ma bouche un peu plus tôt, se demandant le bien fondé de ces dernières) sont interrompues quand le rythme cardiaque, jusque là relativement normal, de Glenn augmente soudain, attirant mes oreilles sensibles et totalement accordées à l’écossais, poussant mon être tout entier à porter une attention complète et entière sur mon hôte. Son visage est difficile à déchiffrer, et je fronce légèrement les sourcils, un peu inquiet d’avoir dit quelque chose que je n’aurais pas dû.

“Glenn? Qu’es-”

Mes mots meurent au fond de ma gorge quand je me retrouve dans les bras du Paladin. Je reste figé un instant, avant de finalement passer mes bras autour de lui, serrant le tissu de son col roulé dans mes mains, et d’enfouir mon visage dans son cou, y respirant à plein poumon son odeur. Après celle, fort désagréable (à mon plus grand regret), de ma mère, celle de Glenn me rassure, m’inspire le foyer et la sécurité. Ainsi enveloppé de toutes parts par sa présence forte et sécurisante, je me laisse aller contre lui, comme certain qu’il sera là pour me rattraper si j’en ai besoin.

Pourtant, cette étreinte se termine presque brutalement et il faut quelques instants à mon cerveau pour enregistrer l’information, encore enivré de cette odeur dont, je le devine aisément, je vais rapidement devenir dépendant à ce rythme. Soudain refroidi par le changement d’attitude du roux, je resserre la serviette autour de mes épaules, une pauvre protection contre le sentiment amer qui me prend à la gorge sur le moment. Je ne bouge pas de l’endroit où je me trouve, sortant de mon apparente léthargie à ses mots et ça semble reconnecter mes neurones entre eux, je retrouve la parole après avoir éclairci ma gorge.

“Très honnêtement, je pense qu’il me faudrait quelque chose de plus fort qu’un thé, mais merci, sincèrement. Je ne sais pas trop…Où je serais ce soir sans toi.” la sincérité se lit dans ma voix aussi facilement que ma détresse émotionnelle se lit dans tout mon être.

Pendant que le roux va s’occuper de me trouver des vêtements secs, je prends le temps d’observer un peu le salon, les étagères, les livres, les quelques photos présentent. Je devine que la jeune femme dans certaines d’entre elles est cette fille dont il m’a déjà parlé. Will de mémoire. Cela me tire un petit sourire. Glenn revient et je vais pour le remercier mais il est déjà reparti. Mon moral descend un peu à cette constatation. J’entame le chemin vers la salle de bain mais fais un arrêt au niveau de la cuisine, demandant au propriétaire des lieux si je peux me permettre d’utiliser la douche pour me réchauffer un peu, et à son accord je continue vers la pièce susnommée.

Une fois sous le jet d’eau chaude qui délasse naturellement mes muscles que je n’avais pas conscience d’être contractés, je soupire. La fatigue aussi bien physique qu’émotionnelle donne l’impression d’une soudaine chape de plomb sur mes épaules. Des larmes silencieuses se mêlent à l’eau qui coule sur ma peau. A cause de la situation de ce soir, ou de ce qui a transpiré entre Glenn et moi un peu plus tôt? Je ne saurais pas le dire. Au bout d’une bonne quinzaine de minutes, je sors enfin de la douche, me sèche rapidement et enfile les vêtements généreusement prêtés. Ils sont trop grands, mais ils sont confortables. Le col du pull laisse presque entrevoir un début de clavicule et je dois retrousser un peu les jambes du pantalon pour ne pas risquer de marcher dessus. L’odeur du Paladin imprègne les vêtements et le porte une manche à mon nez, inspirant une nouvelle fois cette fragrance qui deviendrait vite addictive.

Redescendant, je retrouve Glenn dans la cuisine et m’approche doucement. J’ai envie de le toucher, de retrouver un semblant de contact avec lui, mais je me retiens, l’animal en moi couine, presque désespéré et je le fais taire du mieux que je peux.

“Merci. De faire tout ça pour moi alors que tu n’as rien demandé.” je me saisis de la tasse la plus proche de moi et la garde précieusement dans mes mains “Je crois que je te dois quelques explications…” comme sentant une protestation arriver je lève une main en un signe pour lui de ne pas dire un mot “Même si tu penses que non…J’ai…J’ai besoin d’expliquer à quelqu’un…Peut-être pour digérer la situation, je ne sais pas. Bref.” Je m’adosse contre un des meubles de la cuisine et prends une grande inspiration avant de me lancer “J’ai…revu ma mère ce soir. Une mère que je croyais morte depuis que j’ai sept ans. Je ne l’ai jamais oubliée, elle est l’un de mes sujets principaux de dessin depuis que je suis gamin. Elle a toujours été cette héroïne absente par la force des choses, ma mère.” Commençant à légèrement trembler, je pose la tasse sur un plan de travail, histoire d’éviter toute catastrophe, préférant m’entourer de mes bras pour compenser “Je devrais être fou de joie, après tout, elle est là, en vampire certes, mais vivante. Pourtant…Pourtant je me sens plus perdu que jamais.” je pose mon regard, jusque-là plutôt baisser vers le sol ou sur la droite du roux, sur la silhouette de mon ami, et la détresse est lisible, sans artifice ni filtre dans le bleu de mes yeux “Comment je suis sensé agir quand une des fondations de qui je suis s’effrite? Je veux dire, j’ai vécu ce que j’ai vécu parce qu’elle n’était plus là. Ma vie m’a menée ici parce qu’elle n’était plus là et que d’autres ont pris soin de moi. Et pourquoi elle n’est pas revenue dans ma vie avant?! Pourquoi est-elle restée loin?!”

Plus les mots sortent de ma bouche, plus ils se teintent d’une colère intrinsèquement liée à cette profonde tristesse qui remonte à mon enfance, pourtant si loin. Plus ma voix se hausse, et les larmes se remettent à couler de leur propre chef, incapable que je suis de les contrôler. Je m’essuie furieusement les yeux avec une des manches du pull que je porte.

“Désolé. Je ne devrais pas déverser mes problèmes comme ça..”
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