Turn pain into power ft Jakob

Turn pain into power

Luz &  @Jakob Rasmussen     

be careful what you wish for

Tu marchais dans ces ruelles mal éclairées, le vieux port avait toujours cette allure un peu effrayante. Tu te souvenais encore de ta jeunesse d'entre deux guerres, c'était votre coin préféré pour jouer. Jusqu'à ce que l'un d'entre vous se noie dans l'eau. Tu en avais fais quelques cauchemars, tu avais eu l'impression que le spectre de ton ami te collais à la peau, et tu ne t'étais libéré.e de cette idée que récemment. Pognes dans les poches, tu avançais. Tu étais élégamment habillé.e comme toujours, bottes lacées à talon aux pieds, pantalon de cuir, chemise violette à motifs astrologiques sur le dos, tu avançais la tête haute, il te suffisais de farfouiller dans tes poches pour en sortir une dosette de sucre, que tu t'enfilais dans le gosier, laissant les grains de sucre fondre dans ta bouche. On ne devinait aucunement la jolie collection de couteaux cachés à divers endroits de ta petite personne. Tu avais pris cette habitude à l'époque de la résistance. Tu n'avais jamais abandonné cette idée un peu paranoïaque. Et après tout, c'était sans doute ce que tu étais. Tu t'approchais de la plage, tu aimais rester là, à observer le ressac des vagues pendant des heures, et des heures. Tu aimais, la menace noire et incertaine qu'elle représentait dans la nuit. Installé.e là, sur une vieille nappe à carreaux, tu t'allumes une cigarette. Tu aimais ces moments de calmes, même si c'était la tornade dans ta tête à chaque heure du jour et de la nuit. Qui avait besoin de dormir quand il était occupé tous les jours de sa vie avec des pensées parasites ? Pas toi en tout cas. Tu apercevais une autre silhouette, un autre inconnu venu noyer tu ne sais quoi dans le plus profond de l'onde sombre. T'approchant avec ton habituel petit sourire, tu commences à voir son visage. Un visage que tu as déjà vu, tu oublie très rarement les gens à qui tu exauce un vœu.

"Hey. Vous là, oui, vous." Que tu lances d'une voix amusée, assurée, tu te portes à sa hauteur, la vieille nappe sur les épaules, tu tires une taffe sur ta clope, soufflant la fumée loin de son nez, sans doute très délicat. "Je me souviens de vous." Que tu lances, avec un grand sourire. "Alors... Vot'voeu, il vous a plu ?" Bien entendu que non. Tu avais vu bien des gens se retourner après toi après que tu leur ai fais un cadeau. Certes, à une époque, alors que tu avais encore les pieds sur terre, tu avais eu l'intelligence de te dire que ouais, c'était des souhaits de merde et que ça tournait toujours au désavantage de l'humain. Mais t'avais un petit côté piquant. "Vous savez..." Tu te fais des dents de vampire, avec tes deux doigts. "C'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de faire ça." Que tu lâches bien calme, avant qu'un sourire de renard t'échappes. Et tu murmures, pour lui. "Il faut toujours faire attention quand on se parle à soi même, on ne sait jamais si les oreilles traînent, m'sieur."
Et sur ces bonnes et sages paroles, tu sors une sucette de ta poche. L'une de tes préférés, à l'orange, et tu la portes à tes lèvres. C'était dingue ce que votre organisme réclamait en sucre...